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La fille qui n’aimait pas les «partys»



Comment l’expliquer. Elle a tout pour être la parfaite fille de «party» : l’humour, l’énergie, les amis, les occasions, les raisons...

Et pourtant, elle n’aime pas ça.

Bon. On se doute en partant, que cette fille-là, c’est moi. Et des «partys», j’en ai eu. Plus que je peux en compter. Plus que j’en aurais voulu.

Il faut déjà mettre une chose au clair. Un «party» signifie ici plus qu’une soirée entre amis avec de l’alcool, et ce peu importe le niveau d’alcool. Pour moi, dans le contexte, c’est une soirée où il y a beaucoup de monde, et souvent du monde que tu ne connais pas. Où tu ne peux pas vraiment éviter le contact des autres. Où il faut que tu surveilles ta sacoche, tes amis, ta consommation, tes cartes et ta dignité. Où tu partages ton air, ton espace, ta bulle et ta sueur avec du monde. Ça, c’est un exemple de «party».

Que ce soit chez quelqu’un ou dans un bar, ce genre de soirée a toujours été un cauchemar pour moi. Attention, je ne dis pas non plus que j’ai détesté chacun d’entres elles, mais disons, qu’en règle générale, ça n’a jamais été ma tasse de thé (ou ma pinte de bière, c’est au choix). C’est dur à croire parfois quand on me connait, car je suis en même temps cette fille énergique, qui aime bouger, qui fait de l’improvisation, qui fait tout le temps la folle…

Mais j’ai en moi ce que j’appelle ma personne âgée. C’est cette madame qui aime vraiment ça écrire des textes sur son ordinateur avec son «snuggie» un samedi soir en buvant du thé. Celle qui joue au Scrabbles avec son chum et qui fait des siestes la fin de semaine.

Durant mes années de Cégep et d’Université, elle existait déjà la personne âgée. Celle qui était en train de lire un livre au chaud dans son lit quand elle recevait un texto l’invitant à sortir. Durant ces années-là, je disais oui. Souvent. Pas mal tout le temps. Je me disais qu’il FALLAIT y aller, que c’était normal. Que même si je voulais vraiment savoir la suite de mon livre, si j’étais fatiguée ou si ça me tentait justement vraiment pas, le plus important était d’entretenir ma vie sociale et faire ce que les autres faisaient. Je m’habillais, je sortais et je revenais quelques heures plus tard complètement vidée parce que je ne réalisais pas à quel point c’était demandant pour moi.

Quand on est une jeune adulte qui est encore en train d’établir ses cercles d’amis et qui veut se faire une place, on ne se sent pas le droit de dire non. On a envie d’être partout à la fois, de rien manquer et juste d’être comme tout le monde, dans la gang. L’adulte que je suis maintenant (qui a 23 ans, mais qui parle comme une dame de 53) commence à s’en donner le droit. De dire que non, je n’ai pas envie de sortir dans les clubs, j’ai envie de rester chez nous. Qu’en vérité, j’aime pas tant ça me saouler, je préfère en rester à un ou deux verres maximum ou même prendre un coke, pas de rhum. Que c’est pas de la paresse ou de la lâcheté, que c’est pas d’être ennuyante ou anormale, que c’est mon tempérament. C’est difficile à accepter pour une personne comme moi parce que je suis cette personne qui dit tout le temps que sortir de sa zone de confort, c’est sain. Mais sortir de sa zone de confort et juste faire quelque chose qu’on aime pas, est-ce vraiment la même chose?

J’ai découvert avec le temps que j’ai une limite. La ligne est mince, mais elle est là. Pour moi, une soirée ou un «party» est correct quand je connais la majorité des gens qui y sont et quand nous sommes un nombre de personnes assez restreint pour n’être qu’un seul groupe. Quand l’événement est trop gros et que des sous-groupes se forment, alors là, on me perd. Je suis la nunuche qui voit les plaques tectoniques se séparer et qui reste au milieu et tombe dans la crevasse au lieu de choisir un côté où aller.

Et ça c’est moi, c’est ma limite et la vérité c’est qu’on en a tous une. Ou la majorité... Ceux qui n’en ont pas ne sont pas nécessairement des gens fréquentables, mais ça c’est un autre sujet. Tout ça pour en venir à l’importance de connaître sa limite. Une fois que tu la connais, il s’agit de choisir si on se sent prêt à la franchir ou pas. Parce que je reviens sur le fait que sortir de sa zone de confort, c’est sain à l’occasion, mais ça ne doit jamais être une obligation. C’est aussi ce qui fait la beauté des compromis. Pour ma part, je fais souvent l’effort d’y aller, mais je m’écoute et quand je me sens inconfortable, je me donne le droit de quitter, même si la soirée est pas finie, que minuit est pas passé et que pour certains, ça ne fait que commencer.

C’est correct. Si toi aussi tu as une personne âgée en toi, donnes-toi le droit de l’écouter, parce qu’aucune personne ne te connait mieux que toi. «Party» ou pas.

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