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Avoir les blues du bonheur tant attendu



Il y a quelques semaines à peine, je rédigeais pour Flo&Confettis un article sur la difficulté à trouver de l’emploi après les études.

Comme promis dans cet article, j’ai continué à envoyer des CV comme une déchainée.

Aussi motivée que j’étais, j’étais découragée à force de m’imaginer devoir faire ça pendant encore bien longtemps.

Il faut croire que quelque part dans l’univers le message a été reçu, parce que voilà que je reçois un courriel pour un emploi.

Pas juste un emploi, L’EMPLOI. Une entrevue et beaucoup de stress plus tard, je l’ai.

J’étais en train de travailler à mon ancien emploi quand j’ai reçu le courriel. J’ai juste regardé mon collègue pour lui dire « Je l’ai » et j’ai figé. Je me l’étais tellement imaginé ce moment-là où j’allais juste aller voir mon boss avec la fierté dans le visage et lui donner mon préavis. J’allais me sentir comme une championne, victorieuse et accomplie (je suis idéaliste, je sais).

Eh ben non. Quand je lui ai annoncé, je n’ai pas eu le sentiment de satisfaction que je pensais tant avoir.

C’était juste ben banal, un soulagement oui, mais pas le sentiment libérateur et excitant que j’avais imaginé. Y’avait rien. Juste un grand vide. Pas de frétillements ou d’excitation, mais un beau grand rien. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

La première journée du nouveau travail arrivait et je n’avais pas l’excitation que je pensais avoir. Encore le maudit rien.

Le nouveau travail était tout ce que j’avais espéré et moi j’étais là avec mon rien. Un rien qui me regardait dans les yeux en me renvoyant une drôle d’image de moi-même. Je me suis sentie ingrate. Je me suis sentie brisée. Je me disais que j’avais le don quand tout ce que je désirais arrivait de pas savoir l’apprécier. J’avais une joie, mais elle était tellement banale cette joie-là, une joie de tous les jours. Pas la joie de «Tu as enfin la job que tu espérais. Celle que tu as tellement demandé depuis un an».

Mes premiers jours de travail, je me suis remise en question. Il y avait mon rien qui été là, toujours assidu dans sa tâche de me faire «feeler cheap». Et un soir, je suis arrivée chez mon copain et comme il finissait après moi, je m’occupais du souper. Et cuisiner, c’est pas dans mes forces, bien loin même. Sauf les sandwichs. Je suis une professionnelle du sandwich… et du «take out». Anyway.

Quand il est arrivé, il m’a remercié pour le souper, on a jasé, puis il a juste lâché après une bouchée «Tes patates sont un petit peu trop cuites». C’était un commentaire banal, dit sans aucun reproche, juste parce qu’il sait que j’y connais rien et que j’aime ses conseils.

Mais moi, à ce moment-là, c’est comme si mon rien m’était rentré dedans de toutes ses forces et… Je me suis mise à pleurer.

Une fille de 23 ans assise devant son assiette de filets de poissons toute bien habillée parce qu’elle travaille maintenant dans un bureau qui pleure. Comme un veau, des grosses larmes sales devant un chum complètement incrédule parce que justement, sa blonde de 23 ans pleure pour des patates. Sur le coup, je ne comprenais pas mes émotions (même si en pure fille, je les comprends rarement).

Mon chum a fini par me calmer, à coups de kleenex, de bisous et de «mais non ma chérie, elles sont bonnes pareille tes patates!».

La vérité, c’est que je ne pleurais pas à cause des patates (une maudite chance). Je pleurais parce que j’étais dépassée. J’étais nouvellement une blonde d’un chum génial et nouvellement employée d’une job géniale et moi… je me sentais pas géniale.

Je m’étais tellement mise de pression à trouver l’emploi parfait que quand je l’ai eu, j’ai figé. J’avais peur de tout foutre en l’air, de ne pas être assez bien pour ma job, pas assez bien pour mon chum, juste pas assez bien.

C’est fou comme la peur c’est une drôle de petite bête, à se faire passer pour un petit rien. J’arrivais au travail, j’étais en formation et tout ce que je me disais c’est «d’un coup qu’ils se sont trompés et que je ne suis pas la bonne personne». C’est niaiseux. Du moins, en le racontant comme ça et en pleurant pour des patates, ça peut avoir l’air niaiseux.

Mais le changement ça peut faire peur, même quand il arrive sous forme de bonheur et de bonnes nouvelles.

Aujourd’hui, j’écris ça en direct de mon bureau (après mes heures de travail, calm down!) et je me sens bien. Terriblement bien. J’ai accepté qu’en amour comme au travail (ou même en cuisine), j’en ai encore beaucoup à apprendre pis que, que veux-tu, c’est normal.

Et pour ce qui est de pleurer pour des patates, ça… Je peux pas y faire grand-chose.

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