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La réalité de la fin des études ou le mythe de l'accès à l'emploi



Certains n’auront aucune difficulté à se trouver de l’emploi en sortant de l’école, il y a des emplois en demande et des programmes donnant un accès presque direct à l’emploi. Et il y a les autres. Moi je fais partie des autres.

La réalité de la fin des études ou le mythe de l’accès à l’emploi

J’ai fait des études en théâtre et en lettres. Parce que j’aimais cela, essentiellement, sans trop savoir ce que je voulais faire par la suite. Pendant mes études, ce n’était pas un problème. J’adorais ce que j’étudiais et j’écoutais mes professeurs qui me disent qu’il y a toujours moyen de se faire un chemin dans la vie. Baccalauréat en poche, j’ai décidé de déménager à Montréal pour me donner une chance : plus grande ville veut nécessairement dire plus de possibilités d’emploi. Je n’avais pas pensé au fait que plus grande ville veut aussi dire plus de candidats pour ces emplois.

Des mois d’envois de lettre de motivation et de curriculum vitae pour une absence presque totale de réponse. Quelques entrevues qui n’ont malheureusement abouti qu’à un : « Malheureusement votre candidature n’a pas été retenue. Bonne continuation».

Il faut savoir de moi que je suis généralement optimiste. J’ai commencé la recherche d’emploi avec la conviction de trouver quelque chose. Pas un gros quelque chose, juste un tout petit quelque chose qui me ferait décoller. La vérité, c’est que je suis restée au sol et que le petit emploi que j’attendais pour me donner un élan n’est pas encore arrivé, 8 mois plus tard.

À ce jour, je travaille dans un café dans le Vieux-Montréal. Je compte un peu moins de 100 curriculum vitae et lettres de motivation envoyés. Je suis dans une zone étrange entre le «trop qualifiée» et «pas assez qualifiée». C’est une zone dont les écoles parlent peu. Cette zone où certains employeurs ne veulent pas t’engager pour ne pas avoir à te payer plus cher ou juste par peur que tu partes bientôt pour un meilleur emploi et les autres employeurs qui eux trouvent que tu manques d’expérience.

Comment peut-on demander aux jeunes travailleurs d’avoir de l’expérience alors que personne ne veut leur donner la première? Bien sûr, on vous parlera de stage. Des stages de 40 heures par semaine qui ne vous paie pas, ou presque, offert parfois par des compagnies qui auraient les moyens de payer, mais qui savent que les jeunes en manque d’expérience vont se jeter sur cette opportunité. C’est une jungle que le monde de l’emploi.

Ai-je perdu mon optimiste? Non. J’ai seulement acquis du réalisme. Je réalise qu’à l’école, on évite de parler de cette période. Pourtant, plusieurs adultes à qui je parle maintenant l’ont bien connu et m’en parle sans difficulté. Ce qui est difficile, me disent-ils, c’est de trouver le premier emploi, la première expérience. Je seconde. C’est difficile. Travailler au salaire minimum dans un café alors que tu sais que chez toi, sur le mur, se trouve un diplôme, c’est difficile pour le moral.

Mais ce n’est pas un message de désespoir que j’envoie, au contraire. Dès la fin de l’écriture de ce texte, je m’en vais écrire des lettres de motivation, encore. S’il y a la persévérance scolaire, il y a aussi la persévérance postscolaire. Le silence du téléphone est douloureux parfois, mais je sais que ce ne sera pas éternel. Il y a le vouloir et il y a le pouvoir. Alors si tu es comme moi et que tu nages dans la zone étrange et mythique de l’après-école, continue de nager. Donnes-toi une bonne dose de courage et dis-toi qu’un jour, tu travailleras dans le domaine qui te passionne et que le temps et les efforts investis en auront valu la peine.

La patience est une vertu, parait-il.

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